Trois questions à Philippe Charlier
directeur du département de la recherche et de l’enseignement du musée du quai Branly – Jacques Chirac
Comment le dispositif d’attribution des bourses de la Fondation Martine Aublet est-il articulé à l’activité du département de la recherche et de l’enseignement du musée ?
Les étudiants bénéficiant d’une bourse de la Fondation Martine Aublet viennent de disciplines variées : l’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, l’archéologie, l’histoire, l’histoire de l’art, l’ethnolinguistique et l’ethnomusicologie. Le périmètre de leurs recherches se trouve à la confluence de ces domaines et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac, d’où leur désignation par un comité de sélection intégrant des personnalités et des évaluateurs du musée. Ils sont accueillis par le musée pour une durée maximum d’un an. En somme, qu’il s’agisse des sujets de recherche, des évaluateurs, ou du contexte général de prise en charge des boursiers, le dispositif est intimement lié au musée.
Quelles en sont les principales caractéristiques ?
C’est indéniablement l’ouverture à la diversité et l’interdisciplinarité, tant la diversité des mondes culturels étudiés, que celle des étudiants, de master ou de doctorat, bénéficiaires de ces bourses. Il n’y a pas deux boursiers identiques. Notre seul critère est celui de la grande qualité des projets qui nous sont présentés. Nous sommes loin d’avoir des boursiers uniquement français et métropolitains. Le dispositif est largement ouvert aux étudiants internationaux. Nous avons notamment entrepris d’en faire une plus large promotion auprès des étudiants anglophones. Nous souhaitons que le choix des boursiers reflète le caractère universel du musée du quai Branly – Jacques Chirac et de la Fondation Martine Aublet. L’attribution d’une bourse n’est pas un pari, le mot renvoie trop au jeu, mais un investissement au sens où nous aidons des personnes méritantes, originales qui auront ensuite, nous l’espérons, une belle vie de chercheur. Pendant cette année de bourse, tout les y aide : Ils ont un accès privilégié aux collections, et l’ensemble des équipes du musée, ainsi que les chercheurs invités et les professeurs visiteurs, sont à leur disposition.
Quelles sont les grandes tendances sur la période récente ?
Les tendances sur lesquelles nous souhaitons mettre l’accent, sans exclure des sujets passionnants répondant aux critères de choix, sont : la patrimonialité, le parcours des collections, la traçabilité des objets depuis leur lieu de production jusqu’au musée ; la question de la représentation des colonies, de la décolonisation et du post-colonialisme, sujet majeur en sociologie, en ethnologie et en histoire de l’art ; l’ethnomusicologie qui coïncide avec la restauration en cours des objets de la réserve des instruments de musique du musée ; Enfin, les sciences fondamentales qui sont extrêmement importantes pour les sciences humaines, notamment pour l’étude des objets de musée. Un scanner médical, la génétique peuvent par exemple nous permettre de mieux comprendre un objet sorti de son contexte. Ils procèdent à une sorte d’autopsie des arts extra-européens, à un voyage à l’intérieur de l’œuvre. Ces thèmes sont communs aux bourses attribuées par la Fondation Martine Aublet et à celles propres au musée. La dynamique est globale. Elle montre bien que la Fondation Martine Aublet et le musée du quai Branly – Jacques Chirac font chemin ensemble.